DU 7 SEPTEMBRE AU 21 DÉCEMBRE

DU 7 SEPTEMBRE AU 21 DÉCEMBRE
Photo: Francine Lavallée, septembre 2008, au Monastère de Tiksé, Ladakh.

dimanche 12 septembre 2010

7. Les Géants se lèvent avec le soleil

L'avion a quitté le sol, il était 6:10 ce matin, 12 septembre.  Il a fallu traverser la pluie et les grands sac d'ouates grises qui la larguaient sur la carlingue du 737.  C'est la première fois que je monte vers l'Himalaya en passant au travers de tant de nuages.  C'était presque inquiétant, surtout lorsqu'on sait que le ciel de Delhi est souvent parsemé d'oiseaux de fer.  Des centaines de kilomètres de nuages qui semblaient de plus en plus se conformer aux contours de la barrière rocheuse.  Rien!  Même pas la tête du Qomolangma, ce géant qu'on a rebaptisé Everest pour nos besoins linguistiques d'occidentaux.  Puis le pilote a amorcé la descente de son Boeing, lentement, progressivement.  Comme pour éviter de sortir les Géants de pierre de leur sommeil subcontinental.  Soudain on a aperçu une tête, puis deux...   le soleil pointait et palettait leurs blancs bonnets. Ici, contrairement au géant de la Baie de Fundy dont parlait Stan Rogers dans Giant, une de ses belles ballades, les Géants ne se lèvent pas avec la Lune.  Ces grands seigneurs de pierre se montrent en même temps que le soleil.

Toujours est-il que nous les avons très vite perdu de vue.  Le paysage atmosphérique formant une épaisse couverture entre eux et nous.  Le 737 s'est mis à descendre dans une longue et compacte spirale.  Faisant monter en moi l'inquiétude des possibles heurts.  Comme si le pilote cherchait un trou dans l'épais tissus, pour mieux jauger le sol, pour mieux voir où il fallait descendre et poser ses pieds roulants.  Un thriller de voyageur, je vous l'assure!  On a beau savoir que l'expérience de ces maîtres est sertie de longues heures de vol; que les instrument sont bien huilés, biens programmées; que la tour doit sûrement envoyer un signal routier au radar du véhicule volant; on a quand-même un peu "la chienne".

Puis on a aperçu une éclaircie, le temps de donner l'impression que la mesure devenait prenable.  Mais nous nous sommes retrouvés plongés dans l'épaisse brume et avons commencé à entendre les roues se déployer.  We will be landing shortly. Please fasten your seat belt!  "J't'en fiche mes mignons" comme le disait si bien Jos Violon en nous racontant ses histoires de peurs, si l'engin s'inclinait juste un brin trop...  Hop! Nous étions garrochés comme des grenouilles sur les rochers!  Mais la performance était si juste, si épatante, que j'avais envie de faire comme les Québécois lorsqu'ils atterrissent à Acapulco...  clap, clap, clap et re-clap !  Quel génie du manche-à-balais!

Tout ça pour vous dire que j'arrivais chez-moi sain et sauf, heureux, comme toujours, d'embrasser de mes galoches le sol Ladakhi.  Fatigué, très fatigué, mais heureux.

Il faut quand-même que je vous raconte en quelques phrases, la suite des événements qui se sont additionnés depuis le 7 septembre, jour de mon départ. Voici donc:

Je suis reste bloqué à Vancouver pendant 11heures et demi. L'avion devant nous mener à Hong Kong laissait fuir de l'essence.  On nous en a donné un autre, dans ce délais plutôt long.  J'ai donc du courir après les services d'Air Canada, du genre j'sais-pas-trop, du Vancouver  International Airport, afin qu'on remplace tous mes vols.  J'y ai aussi appris que mon bagage était parti de Montréal sur des vols différents du mien.  Pour résultat:  j'ai perdu plus d'une moitié du temps que j'avais prévu passer à Singapour et mon sac est arrivé une heure et demi avant mon dernier vol Singapour-Delhi, le 10 septembre au soir.  Les bons cotés?  Singapour Airlines (pas Air Canada!) m'a donné $150 Singapourais  (soit environ $115 canadien) en guise de compensation, un sac de babioles pour combler mes besoins d'aisance (crème à raser, déodorant, t-shirt, brosse à cheveux, brosse et pâte à dent, etc.);  J'ai quand même pu aller au fameux temple bouddhiste Thoot Relic Temple ;  J'ai pu manger ma crème glacée au thé vert matcha comme j'en rêvais et  j'ai eu droit à mon repas de homard pendant le dernier vol. Finalement, j'ai eu des vols magnifiques entre Vancouver et Delhi.  Les fameux sièges-couchettes m'ont permis de dormir plus de 7:30 et 3:00 !

À Delhi, Ca pue!  Les Jeux du Commonwealth ont beau s'en venir dans moins d'un mois, je me demande comment ils vont faire pour charmer le monde.  C'était plus sale que jamais.  Mais les indiens ont la capacité de se retourner rapidement, "so"...

Finalement, comme si les réfugiés Tibétains et les pauvres indiens de Majnu Ka Tilla n'avaient pas assez de misère, deux barrages brisés sur la Yamuna ont fait monter l'eau jusque sur les berges qu'ils squattaient et cultivaient depuis si longtemps, faisant tout disparaître de leurs possessions.  Seuls les bâtiments du village n'ont pas étés affectés pour l'instant!

Voila!  Je suis donc rendu dans mon cher Ladakh et demain, en grand fortuné que je suis, je verrai le Dalaï-Lama!

On s'en reparle!

On se reparle aussi de l'état du Ladakh à un mois des inondations dévastatrices.

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Thundup Raymond