DU 7 SEPTEMBRE AU 21 DÉCEMBRE

DU 7 SEPTEMBRE AU 21 DÉCEMBRE
Photo: Francine Lavallée, septembre 2008, au Monastère de Tiksé, Ladakh.

dimanche 3 octobre 2010

12 - Ah l'humour Indien!

Voici ce que j'ai lu sur les hautes routes de l'Himalaya:

Deux panneaux routiers ont retenus mon attention, ils disaient:

Darling I love you, but not so fast!

Et puis:

Please, be gentle on my curves

A vos claviers, prêts, jugez!

;-)

11 - Là où l'enfer visite parfois le parradis

Juley!

En mai 2001, avant mon premier départ vers l'Inde et ses Himalayennes montagnes, l'alpiniste québécois André Laperrière qui avait échoué l'Everest par la face nord, sans oxygène, m'avait dit:  "Il ne faut jamais compter sur sa bonne forme avec les hautes altitudes.  Trois sommets de suite, tout va bien...  Puis le quatrième..."

Voici donc une petite histoire qui se déroule au Ladakh:

Une fois c't'un gars...



Le gars en question rencontre un Israélien, puis ensemble ils font la rencontre d'une Américaine.  Bons échanges, bonnes histoires, jusque-là tout baigne dans la camaraderie. L'Américaine propose un voyage vers un lac magnifique, perdu dans le nord du Ladakh, sur le haut Plateau du Chang Tang.  85 km de long paraît-il!  Pire!  (Ou mieux...  ça dépend du lecteur) les deux-tiers du lac sont en territoire Tibétain, well...   volé par la Chine dans les années cinquante.  L'Américaine propose d'y aller en Moto, mais le gars ne conduit pas de moto et l'Israélien et l'Américaine sont trop peu sûrs d'eux-mêmes pour prendre un "back seat passenger". "Pensons-y jusqu'à ce soir" lance l'Américaine.  Ce soir là elle arrivera avec un Deal:  "Pourquoi ne pas louer les services d'un chauffeur!  $125 aller-retour, mais en deux jours!  Comme ça nous pourrons apprécier le majestueux paysage."


Le lendemain, les trois compères se rencontrent vers les huit heures.  Une mini-van les attend...  pour les emporter au paradis.

De longues heures de route s'enfilent et les montagnes apparaissent.  Le véhicule monte, monte, monte et monte sans arrêt.  La route est comme un long serpentin qui sillonne les montagnes, atteint les sommets, puis continu de monter, de monter, de monter,   Les géants de pierre de ce côté là de l'Indus doivent se réjouir d'en avaler encore quatre autres (ben oui! Quatre avec le chauffeur).  Le voyage atteint enfin une altitude où les neiges sont déjà permanentes depuis belle lurette.  Plus les kilomètres s'additionnent, plus le jour décline et plus le paysage devient majestueux.  C'est l'heure dorée sur le haut plateau.  L'air est clair, limpide.  L'oxygène est plus rare qu'en bas, à trois-miles-cinq-cent-ciquante mètres.  Ça se sent à peine.  Quelle virée magnifique.  Tout à coup, le véhicule traverse des dunes de sable.  Du beau sable gris, comme dans le désert.  Il pourrait y avoir des chameaux ici, mais ils dorment dans la vallée voisine. Oui! Oui!  Dans la vallée de la Nubra, non loin de là!

Six heures et demi de route se sont déjà écoulées et nos trois compagnons de route conduit de main sûre voient enfin apparaître la première pointe du Lac Pangong depuis le dernier sommet.  La surprise sera grandiose.  Un lac long, long à perte de vue et qui pointe vers l'envahisseur.  Au bout de sept heure et demi, la mini-van arrive enfin à une petit maison ladakhie traditionnelle. Murs de boue, toit de branches de saule dentellé de paille.  Bucolique!  C'est ici qu'il dormiront.  "Mais après tant de route il faut bien bouger un peu" dit l'Américaine.  Le gars et l'Israélien sont bien d'accord avec l'énoncé.  S'ensuivra une longue heure de marche pour chacun.

Le gars sait qu'il est fatigué, sont cœur le lui dit!  Il sent déjà sa tête lui offrir quelques craquements.  La pression atmosphérique!  L'altitude!  Quelques capelets d'Advil et un comprimé de Diamox (pour le mal de l'altitude) devraient contrer tout cela, pense-t-il.   Et hop!  Retour à la maison, petite demi-heure de méditation pour l'Israélien, petit somme pour le gars et petite lecture pour l'Américaine.  Une heure plus tard, on frappe aux portes des chambres:  un gamin ladakhi apporte des chandelles allumées, dans chacune des chambres.  Ici, pas d'électricité sauf dans la cuisine et ce, grâce à un petit panneau solaire.  C'est justement là que le gars, L'Américaine et l'Israélien traîneront leurs jambes pour manger le repas du soir:  des lentilles, du riz blanc et du choux cuit avec des patates.  Mais la fatigue gâgne le gars.  Les maux de tête le pénètre.  Ses jambes deviennent plus faibles qu'a l'habitude.


Une heure plus tard, tout le monde sera au dodo.  Il faut bien reposer ces corps s'ils veulent les emmener jusqu'en Chine...   heu...  jusqu'au Tibet.   C'est bien ce qu'ils ont communément décidé pour le lendemain.  Pour l'Américaine et l'Israélien ça sera une nuit de repos.  Pour le gars...  une nuit d'enfer!   Les malaises crâniens auront eu raison des deux médicaments.  Rien n'y fait!  Ses genoux, ses mains, ses avant-bras, ses pieds...    Et sa tête, lui feront  mal sans répit!

Le lendemain matin, même le petit déjeuner lui semble trop indigeste.  Il se contente d'un chappatti et d'un peu de confiture de fruit, arrosé d'un verre d'eau bouillie. Le deux autres compères se vautrent dans les œufs et le pain, odeurs qui lui lèvent le cœur.  Vers neuf heure, ils reprennent la route pour se diriger vers l'autre pays.  Vingt kilomètres de brasse-camarade sur une route où vous n'iriez sans doute jamais avec vos "chars".  Mais ils iront jusqu'au bout.  Sans doute pour plaire à l'Américaine qui est guide de montagne et qui n'a pas cessée de leur dire combien elle ne reviendrait peut-être jamais ici (violoncelle alto).  Le gars file trop mal pour sortir de la mini-van   Il prend donc ses images à partir de son siège, avec peine et misère.   Rendu près de la "frontière", le véhicule fait demi tour.  This is it! 

Le reste de l'histoire?

La voici:

Ils reprennent la route en sens inverse.  Heureusement que ça descend!  Le gars va très mal.  Les deux autres compères ont faim, ils veulent un pique-nique au bord du lac et l'Israélien veut son bain dans les eaux glaciales du Pangong Lake.  Un arrêt qui semblera durer deux heures au gars qui a le mal des montagnes. Trois quarts d'heure plus tard ils repartent.  Direction "maison". Les lumières sont belles, mais tellement puissantes pour les yeux de quelqu'un qui a trop de pression dans le crane. Les heures et les tours de roues s'enfilent, s'enfilent  et s'enfilent encore...  Comme autant de boutons le pourraient sur un fil de cent-ciquante-cinq kilomètres de longueur.  Le gars ne sait plus sur quel muscle de son corps il doit de fier tant ils sont tous affectés, douloureux, fatigués.  Sa tête est compressée dans l'étau des Géants de pierre qui cette fois se moquent bien de lui.  "Demain sera mieux!  I will survive!" se répète-t-il comme si c'était son nouveau mantra.

Fin de l'histoire:

Ils arriveront à Leh, six heures et demi plus tard.

Il est sept heure et demi lorsque le gars arrive à son guest-house.  Avant de se coucher, un coup de brosse à dent!  Mais le contact de la brosse sur sa langue lui fera rendre ses trois derniers repas...  Non digérés!  L'altitude a gagné!   Leh et ses environs ça va, mais milles mètres de plus et hop!  C'est comme ça cette fois!

L'Américaine s'appelle Jolie Christine, elle vient du Tennessee, l'Israélien s'appelle Tal, il vient d'une zone Israélienne ou il y a moins d'explosions, le gars s'appelle Thubten Thundup, c'est son nom local, il vient du Québec et vous le connaissez!

Comme disent mes amis tibétains:  je viens de brûler quelques mauvais Karmas...  et c'est tant mieux!

Soyez rassurés, le "gars" va très bien!  Il partira vers Delhi après demain, le six octobre, puis vers Dharamsalla, le sept au soir.  En bas là-bas...  Pas de pression!  Il sera en retraite du 10 au 30 octobre!

Je vous embrasse tous avec beaucoup d'affection ...  Pas d'infection!

...  pis excusez les fautes encore une fois!  La révision me coûte trop cher ici!

Raymond Thundup ;-)