DU 7 SEPTEMBRE AU 21 DÉCEMBRE

DU 7 SEPTEMBRE AU 21 DÉCEMBRE
Photo: Francine Lavallée, septembre 2008, au Monastère de Tiksé, Ladakh.

mardi 14 septembre 2010

8 - Aucune punition divine là-dedans!

Je n'ai jamais compté les ladakhis en arpentant les rues de Leh, ni même cru bon, un jour, de savoir combien ils sont à habiter la capitale de l'ancien royaume, mais je peux vous assurer qu'hier j'en ai certainement vu des centaines...  peut-être des milliers.

Je n'étais pas seul à prendre le chemin de Lamdon School où pendant des années, mon jeune ami Thinles Paljor a pu faire des études secondaires de qualité.  J'avais l'habitude de m'y rendre pour aller déposer de quoi payer ses frais annuels et lui apporter des gouttes pour soigner ses yeux très affectés par la sécheresse.  Cette fois-ci, je n'y allais plus pour les mêmes raisons académiques, mais pour un autre apprentissage, celui des enseignements du Dalaï-Lama sur la situation dramatique vécue il y a un mois, ici, à Leh et ses environs.

J'ai pu m'asseoir à quelques dizaines de mètres de l'estrade où celui qu'on appelle ici Lama Rinpoché, viendrait plus tard porter son enseignement et ses encouragements au peuple affligé.  Assis parmi les ladakhis plutôt que dans une enclave privilégiant les étrangers (alors que des centaines de locaux se retrouvaient loin derrière la foule), je goûtai encore une fois à ce plaisir de côtoyer simplement ceux que je considère comme des proches.  L'attente fut longue, plus de trois heures.  Moi qui n'avait pas pensé apporter de quoi manger ou boire, je me laissai bouffer par le soleil pendent un certain temps, jusqu'à ce que deux de mes voisins m'offrent des fruits et un bout de pain.  Kundun, comme on l'appelle aussi, fit bientôt son entrée.

Le grand bouddha de la compassion, son sourire habituel accroché au visage, son humble salut de la main, fit ensuite quelques signes aux organisateurs ladakhis qui l'escortaient.  Ce trône préparé pour lui, était trop haut, trop éloigné des gens.  On lui installa rapidement un siège et une petite table, plus bas, plus en avant, ce qui obligea un jeune moine à tenir une ombrelle devant lui, le temps que le soleil passe au travers d'une longue éclaircie.  Kundun commença à dicter des chants aux moines et la foule suivit.  Cela dura une bonne vingtaine de minutes.  Plus tard, il leur suggéra de chanter les mantras de Samanthabadra dont on dit qu'ils apaisent les émotions.  L'émotion était effectivement palpable dans le silence qu'offrait le peuple de ce haut désert de pierres. Au même moment , les verres furent distribués et, au son des chants tibétains, nous reçûmes du thé au beurre.  Moment d'apaisement pour moi comme pour tous ceux qui avaient attendu au soleil depuis de longues heures.

D'une voix posée et rassurante, il leur a parlé un bon moment. Il leur a livré ses mots dans sa langue maternelle, on le traduisait en ladakhi et quand le traducteur faisait une erreur, il corrigeait aussitôt.  C'est un français que j'ai rencontré, plus tard dans la soirée, qui m'a redonné la traduction faite par son voisin ladakhi.  Sinon j'ai bien compris deux mots, deux mots qui donnent l'essentiel de son discours: global wharming.  Il a énuméré toutes les causes de ce grand chavirement planétaire: la pollution par les émissions de gaz à effets de serre entre autres.  Il a dit: "certain pensaient que c'était une punition de Dieu...", mais il a rassuré la foule présente en rajoutant: "Vous n'êtes pas responsables de ce global wharming !"  (Il ne peut donc pas y avoir de punition!) "De plus, le Bouddhisme nous enseigne que nous sommes responsables de nos actes et que pour chaque effet donné, il y a une cause".  C'est ici qu'il leur a suggérée de réciter les mantras de Samanthabadra.

Voilà l'essentiel de ce qui a été livré au ladakhis par le grand Lama Rinpoché.

Il y a eu des chants pour clore la rencontre, puis His Holines s'est levé et a salué ses amis ladakhis avant de sortir par l'arrière de l'estrade et d'être rapidement emporté dans un nuage de poussière, par le véhicule qui l'avait conduit jusqu'à nous.  Il y avait une flottement dans l'air.  Tout le monde semblait remplit de quelque chose dont on ne saurait que trop mal nommer l'essence.

Mais comme toute les bêtes, l'homme en grand troupeau se comporte de manière effarée.  Nous avons dévalé Changspa, puis Leh, à une allure qui ressemble plus à celle de vaches qui sortent d'une étable en feu, qu'à celle d'homme (de femme et d'enfants) pourtant civilisés.  Le flottement était sans doute dans nos cœur, mais c'est plutôt de la poussière que l'on voyait flotter ici!

Je suis quand-même rentré content, mais encore très fatigué.  Le soleil de plomb et l'adaptation à l'altitude à peine commencée en sont certainement les causes.  Un bon curry et un bol de riz accompagnés d'eau chaude au citron gingembre et miel (c'est une boisson gagnante pour mon petit corps!) et hop!  Au lit, des huit heure et demi!  J'ai dormi dix heures.  Aujourd'hui ça va beaucoup mieux.


Je suis allé voir une partie de Leh détruite par les inondations:  j'avais du mal à contenir des larmes.  J'ai fais un don de cents dollars auprès de la Banque de Jammu et Kashemire en notre nom à tous.  Puis, après avoir été déposer tous les dons collectés pour mon grand Thinles Paljor, je suis parti passer l'après-midi sur la montagne du Shanti Stupa, un monument bouddhiste dédié à la paix, question de méditer un peu sur cette précieuse vie humaine qui m'a été donnée, question de contempler un long moment cette bonne fortune qui m'est encore offerte de me retrouver sur internet depuis ce sol sacré ou je me sens tellement bien.

Ah oui!  J'oubliais de vous dire:  Je pourrai aller au Népal, car ca n'est pas un territoire restreint pour les sorties temporaires du territoire Indien.  J'y serai donc du 23 novembre au 18 décembre!  La restriction de sortie s'applique plutôt aux allers-retours vers les pays étrangers.  Le Népal étant le petit frère de l'Inde.  C'est du moins ce que m'a dit l'agent d'immigration en arrivant sur la terre sacrée.

Voilà!
La route continue et si tout va bien, comme prévu je partirai par monts et par vaux vers Hemis Shukpachan, le 16 septembre prochain.

Restez prêts pour la suite!

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx  et plus...

Thundup Raymond