DU 7 SEPTEMBRE AU 21 DÉCEMBRE

DU 7 SEPTEMBRE AU 21 DÉCEMBRE
Photo: Francine Lavallée, septembre 2008, au Monastère de Tiksé, Ladakh.

mercredi 6 octobre 2010

13 - Pollution, populasse, "parfum particulier", voila Delhi! Mais ce chaos organisé est un spectacle merveilleux!

Au petit matin, bien avant que les deux mosquées de Leh ne crient leurs appels respectifs à la même prière,  j'avais déjà enfilé mes vêtements, brossé mes dents et fermé mes bagages.  Namgyal, le même jeune conducteur de taxi qui m'avait emmené et sorti de l'enfer il y a quelques jours, était devant l'enseigne de mon guest house, le sourire aux lèvres, à cinq heure et demi pile!  Comme j'avais déjà fait un pré-enregistrement via internet, les formalités aéroportuaires ont été de courte durée. Il faisait un peu moins froid ce matin, comme si dame nature avait voulu me donner une chance avant de rentrer dans la chaleur de la capitale.

Après un vol calme au-dessus de la chaîne himalayenne, puis des plaines du nord, nous sommes arrivés sur Delhi avec quelques 10 minutes de retard, rien pour énerver un chien méchant.  Il faisait chaud, mais surtout poussiéreux.  C'était amusant de lire sur les grands panneaux publicitaires que les sites des Jeux du Commonwealth, ont un air propre, sans fumée de tabac, bien sur!  Je me demandais justement comment les athlètes canadiens vivaient l'expérience. Il y en as sans doute quelques-uns qui trouve l'expérience difficile.  Prenez moi, ancien marathonien à la retraite depuis bientôt trois cents lunes. Moi qui arrivais d'une autre planète où je ne pouvais plus tolérer la sécheresse (ce matin encore, je remplissais des kleenex de mon bon sang), où le froid obligeait à la couverture de laine, moi qui ne supporte pas ses piquants, où la lenteur des choses avait réussie a me convertir au pas de tortue, bref...  je suis devenu huileux, suant et collant en quelques minutes à peine.  Mes longs cheveux que j'avais laissé descendre sur mes épaules depuis bientôt deux ans me devenaient insupportables dans cet air là...  et j'étais juste assis dans un taxi à me faire éventer par le courant d'air, pas sur une piste en train de me défoncer pour la gloire des gens d'en bas et l'argent des gens d'en haut.

Justement, parlons-en des gens d'en bas!  Ils étaient des milliers au kilomètre carré, à pousser des chariots, à tirer des gros sur leur rickshaws à pédales, à conduire les autres avec diligence, à se rendre au boulot, à traîner.  Parlant de traîner...    un  grand travesti est venu vers moi, vêtu d'un sari fonce, avec un sourire d'hameçon à morue.  Il m'a regardé là ou vous imaginez, m'a tendue sa main que je n'ai pas voulu prendre, puis il m'a demandé vingt roupies.  À mon refus, il est reparti en grumelant quelque chose que je n'ai pas eu la mauvaise fortune de comprendre.  On aurait dit une scène dans une pièce de Gombrowicz.   Quelques minutes plus tard j'ai aperçu devant nous, là, sur une moto, au beau milieu de ce trafic monstre sur une route à cinq voies, un conducteur accompagné d'une première femme en sari, puis d'une deuxième, toute frêle, à peine assise sur le bout du siège, qui portait son bébé nouveau-né sur ses genoux, comme un petit paquet mal ficellé qu'on serait allé ramasser dans un commerce du coin.  Dans cette chaleur incontrôlable....    j'ai eu comme un petit frisson!

Mais ne vous méprenez pas, Delhi est chaotique, ça sent la m... Partout! Mais c'est comme de vieilles roues d'engrenage bien graissées, ça tourne et ça avance!   D'ailleurs,  ça avance toujours en vue des Jeux...  Déjà commencés! (Le 4 octobre).  Des kilomètres de trottoirs, de circuits de métro, de routes en réparation, de béton d'immeubles en construction, avancent dans l'espace chaotique organisé de la grosse ville Indienne.  Vous avez déjà vu un film Bollywoodien?  Delhi  pourrait ressembler un peu a cette grosse mère Indienne en sari, presque barbue, détrempée par une trop abondante sudation, mais tellement maternelle.  C'est bien simple, cette ville vous presse contre son sein, vous laisse humer sa sueur, vous offre le spectacle de ses formes les plus insoupçonnées, puis vous regarde avec un sourire "d'acceptation".  Comment ne pas se laisser happer par tant de générosité.  C'est le moins qu'on puisse dire!

Je suis enfin arrivé dans Majnu-Ka-Tilla, le Tibetan Colony de Delhi.  Je loge désormais dans un nouvel endroit, plus accueillant que l'autre ou j'avais trop pris l'habitude d'aller.  Ama Rabsel HouseAma veut dire maman en tibétain.  Ici, il y a plein de moines, c'est propre et les dames de la réception sont d'une gentillesse et d'un efficacité qu'il fait bon retrouver lorsqu'on est un voyageur en transit.  Mes billets de bus étaient prêts et j'ai eu exactement le siège que je souhaitais.  1000 roupies l'aller-retour Delhi-Dharamsalla.  Treize heures de route à travers le Pendjab, puis le piedmont des hautes montagnes.  Moi qui passais au-dessus ce matin!  Dommage qu'on n'en soit pas encore rendu au parachutage des passagers, je serais déjà rendu!  Quand même, pour un peu moins de vingt-cinq dollars canadiens, je verrai deux fascinantes nuits indiennes depuis la fenêtre de mes autobus!  

Je serai arrivé au "pays" du Dalaï-Lama le huit, à sept heures et demi...  Si les routes sont belles!   Ça sera le sept octobre et il sera vingt-deux heures à Montréal et à Québec.  Là-bas, paix.  Journées douces-chaudes et nuits très fraîches appelant le châle...  De pashmina.   Je devrai en acheter un nouveau car j'ai oublié le mien a Montréal!  Oublie volontaire qui me fournit une excuse pour trouver une nouvelle couleur qui servira à me couvrir pour les longues journées de réflexions et de méditations qui m'attendent.

Je vous reviendrai, plus calme, peut-être plus inspiré encore. 

Prenez bien soin de vous-même!  Préparez bien la dinde et les légumes pour l'Action de Grâce!  Je serai avec vous par la voie de l'esprit...   Du cœur, comme on dit dans l'Ouest.

Thundup Raymond  ;-)