DU 7 SEPTEMBRE AU 21 DÉCEMBRE

DU 7 SEPTEMBRE AU 21 DÉCEMBRE
Photo: Francine Lavallée, septembre 2008, au Monastère de Tiksé, Ladakh.

mercredi 17 novembre 2010

16 - Sous le gardenia ...

J'ai due vous citer cette phrase des dizaines de fois, mais elle me semble de plus en plus appropriée: 


"Le monde passe, pis vous autres avec!"

C'est Antonine Maillet qui déposait ses propres mots dans la bouche de la Sagouine.

Dans l'expression "le monde", on peut tout inclure: les humains, tous les êtres qui les entourent, la planète sur laquelle ils marchent, etc.  Tout ça pour vous dire que le temps passe aussi rapidement ici que dans le nord de l'Amérique ou de l'Europe, nous rapprochant tous de "quelque chose d'autre". Que cela nous chatouille l'esprit ou nous laisse complètement indifférents, nous sommes plus ou moins conscients de n'être pas éternels.

Les heures passées ici à méditer et à repousser l'ignorance de mes fondements m'ont baigné dans un parfum que je connaissais bien.  Tous les jours, sur ma longue planche de bois, je me suis allongé pour offrir tout mon corps et mon cœur à mes "entraînements de l'esprit".  Une odeur connue m'accompagnait.  Un souvenir intense de mon premier maître de méditation qui utilisait ce même parfum pour distribuer ses bénédictions en nous "balayant" la tête de son plumeau (de plumes de paon).  Une espèce de "parfum d'accompagnement", venu d'une autre époque de ma vie.  Je ne me suis pas soucié de la provenance de cette douce fragrance jusqu'au moment ou une dame est venue derrière moi pour cueillir des fleurs blanches dans le petit arbre sous lequel je me prosternais.  Pour la première fois, j'ai découvert le gardénia.  Chanel #5 peut revoir sa garde-robe, le gardénia lui est hautement supérieur! 

Ainsi, pendant les deux semaines passées ici, je n'ai vu que la lumière du soleil sur ma peau et celle qui remplissait ma tête depuis tous ces espaces méditatifs que je me suis donné.  Allez voir l'image qui a été captée il y a deux jours (16-11-2010) et que j'ai intitulée Sous l'Arbre de la Bodhi et vous verrez sans doute ce que la photographe Thaï a vue lorsque qu'elle l'a prise.  "You look great!" m'a-t-elle lancé avec un large sourire accroché aux joues. Voila comment mon séjour ici s'achève.  Je suis allé encore plus loin à la rencontre de ce "moi-même" pour réaliser à quelle point il passe, comme le monde, comme... "Vous autres avec". 

Je suis aussi allé à la rencontre des mendiants et plus particulièrement de certains d'entre eux qui, handicapés par la Polio, (...des jeunes, très jeunes!), ne demandaient rien.  Même pas une roupie.  À eux j'ai donné, pour le simple plaisir de les voir sourire, pour le simple plaisir de coller mon front contre le leur et d'échanger un Namaste!   Du plus profond de nos cœur.  Nous nous sommes rendus heureux, très heureux!  Je suis aussi allé à la rencontre des moines de toutes les traditions et plusieurs sont venus vers moi, pour parler et pour échanger de si précieuses étincelles d'amitié, motivés par un but commun:  grandir!    Je me suis laissé porter par les salutations de tant de monde que je ne connaissais pas. Des jeunes de la rue, des Indiens venus d'ailleurs, des étrangers de l'Ouest et même un petit gardien de sécurité me saluaient à tous les jours, lorsque j'entrais dans le parc du Mahabodhi Temple. Un jour, le dernier est venu me tenir compagnie (il s'ennuyait, comme moi lors de mes longues saisons mortes à la Tour de Montréal) étirant la conversation, me regardant faire mes pratiques et venant vers moi pour me donner une poignée de main chaleureuse suivie d'une grosse accolade en me disant "You are my best friend!  I sad when you go Delhi!"  Il devait certainement manquer d'amitié le grand garçon!

Ma dernière journée à Bodh-Gayâ est belle...  Et bien commencée par ce moment passé à vous donner des nouvelles.  Vive Internet! La poste ne pourrait jamais être aussi rapide!  Je m'en vais maintenant aller prendre le temps qu'il me reste ici, sous l'Arbre; puis en compagnie de certains amis d'ici, pour dîner et pour prendre le thé.  Il fait encore très chaud, je pense à votre automne et j'ai hâte d'arriver au Népal pour trouver un peu de fraîcheur et mes quelques frères qui m'attendent avec impatience.

J'offrirai des fleurs aux bouddhas pour vous tous et pour les vôtres, afin que votre esprit garde allumé le soleil que vous avez reçu l'été durant.  Je vous apporte dans mon sac à dos et je fais le vœux de vous retrouver tous, heureux et en parfaite forme l'hiver venu. Non! Ça ne sera pas mon dernier courrier, il me reste encore 33 jours d'aventure à vous raconter!

Plein se sérénité depuis l'autre bout de la terre,

Raymond Thundup  ;-)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire